" Degas disait :" La peinture n’est pas bien difficile quand on ne sait pas, mais quand on sait, oh ! Alors, c’est autre chose ! "

Quel magnifique esprit d’artisan domine cette boutade… mais il s’y trouve aussi je ne sais quoi de profond, d’incisif, de volontairement ironique. Oui, quand on sait, tout devient difficile ! C’est la difficulté mesurée au savoir et à l’exigence de l’artiste. Vertu des entêtés créateurs, de ceux qui choisissent la route de la joie par la souffrance. Ne pas confondre savoir avec habileté, ni expérience avec habitude. L’habitude en art, c’est la négation de toute œuvre plastique. Nous croyons que l’artiste devrait s’imposer, chaque fois qu’il se met à œuvrer, le sentiment de respect devant toile ou surface vierges. C’est une volonté pure et une force inconsciente qui devraient le guider dans le sens où David est allé à la rencontre de Goliath. Comme toute œuvre créatrice, la peinture est un art pensé, tout de gestation, d’incubation, de réflexion. Je répète ici volontiers le propos de Pierre Laurens : « Il faut que la pensée plastique soit incarnée. » Dans ce sens, elle devient enfantement, exige ainsi le temps de gestation qui lui est nécessaire et qui lui est dû. Croit-on que, pour continuer à vivre le fruit puisse se détacher de l’arbre avant maturité ? Que la mère puisse mettre au monde son enfant avant terme ?

C’est la densité qui fait mériter à l’œuvre sa destinée de vie et son rayonnement. Pour nous tous,  ne doit compter que l’émotion, c’est à dire l’éclosion subite d’une idée plastique. Elle ne trompe pas, il faut savoir simplement la maintenir et la conduire jusqu’au bout. L’œuvre d’art ne doit s’imposer que par sa personnalité, sa nouveauté n’est qu’une question passagère. "